« Hormis le silence» «ما عدا الصمت » un recueil bilingue (français-arabe) de « Poésie entrecroisée » de Maria Zaki et Jacques Herman



Maria Zaki et Jacques Herman viennent de publier un quatrième recueil commun où leurs voix parallèles sèment le grain. Entreprise originale et audacieuse qui unit brillamment leurs vers en un seul et même souffle. Les poèmes sont si bien articulés que l’on dirait le fait d’une seule et unique personne, une harmonie admirable y est de mise. C’est le résultat d’une collaboration qui a commencé en 2013 et qui est basée sur le dialogue intelligent entre deux cultures et sur l’altérité comme pensée et comme pratique. Un dialogue dans la sérénité, l’amitié et le respect mutuel. Comme dans leurs précédents recueils, Maria Zaki s'exprime en caractères romains, et Jacques Herman, en italiques.

C’est Maria Zaki qui a effectué la traduction de ces poèmes du français vers l’arabe, nous lui avons posé quelques questions à ce sujet :

Un nouveau recueil de poèmes traduits du français vers l’arabe, c’est la deuxième fois que vous réalisez une traduction pareille, que pouvez-vous nous en dire ?

En effet, « Le chemin vers l’autre » «الطريق الى الآخر », paru dans la même collection en 2014, fut ma première traduction. L’exercice n’est pas aisé mais le résultat me fait, à chaque fois, oublier les efforts fournis. Ce retour à la langue maternelle constitue, pour moi, une certaine satisfaction et la possibilité de partager ces poèmes avec les lecteurs de la langue arabe.

Est-ce que vous avez l’intention de procéder à la traduction de vos autres poèmes ?

Je suis tentée de vous répondre que non, mais qui sait ce que nous réserve l’avenir ? A priori, c’est la particularité de ces duos (قصائد ثنائية) qui m’a incitée à réitérer l’expérience. Comme il ne s’agit pas seulement de mes vers, mais aussi de ceux de Jacques Herman, j’ai eu l’impression d’agrandir le champ de mon action de manière constructive.

Vous avez publié « Voici défait le silence » en 2006, puis « Le velours du silence » en 2010, et à présent cet ouvrage à deux, intitulé « Hormis le silence ». Le silence est un thème récurrent chez vous, pouvez-vous nous dire pourquoi ?

Comme dans toute expérience poétique, il s’agit tout d’abord de la vision d’un monde métamorphosé par rapport à la perception ordinaire. Les mots courants sont inaptes à traduire cette métamorphose, y compris le terme de silence.

Dans « Voici défait le silence », j’ai utilisé le langage poétique pour défaire le silence qui interdit la parole, surtout à la gent féminine. Le silence imposé aux victimes, ou le silence oppressant que l’on s’impose à soi-même à cause d’un mal-être ou d’une déception, ou encore suite à un accident de la vie.

Dans « Le velours du silence », il s’agit du silence réparateur d’où le mot velours. Le silence nécessaire à la méditation profonde sur la vie et sur la mort faisant partie de ma quête de la paix intérieure et de la sagesse. D’ailleurs ce recueil avait comme titre initial : Poèmes mystiques.

Et dans « Hormis le silence », il s’agit du silence dont la principale qualité est d’être plus fiable et plus pérenne que la parole. Ne dit-on pas que la parole est plus aisée dans la bouche des ignorants que dans celle des savants ?

Maria Zaki est une poétesse et écrivaine d'expression française, née en 1964 à El Jadida au Maroc, découverte en 1992 par l'écrivain marocain Abdelkébir Khatibi. Docteur d’Etat ès-Sciences, ancienne enseignante à l'Université Chouaib Doukkali, elle est actuellement directrice de recherche et de développement en France où elle réside depuis 2002. Elle a publié de nombreux recueils de poésie, des romans, des recueils de nouvelles et du théâtre. Ses poèmes figurent dans plusieurs revues et anthologies internationales. Elle est membre de P.E.N. Club International (poètes, essayistes, nouvellistes) et de son Women Writers Committee, de l'Association Vaudoise des Ecrivains et de la Société des Ecrivains des Nations Unies à Genève. Ses sujets de prédilection sont : le statut de la femme dans les pays arabes, le silence, la quête spirituelle, l'altérité et l'aimance. Elle est lauréate de plusieurs prix littéraires.

Jacques Herman est un artiste peintre, historien, poète et enseignant suisse, né à Tirlemont en Belgique en 1948. Il a publié de nombreux recueils de poésie, des essais, des manuels scolaires et des livres d'histoire, et reçu plusieurs distinctions et prix littéraires. Ancien président de l'Association Vaudoise des Ecrivains et ancien trésorier du Centre Suisse Romand du P.E.N. Club, il est également Vice-président de l'Académie Rhodanienne des Lettres, membre de la Société Fribourgeoise des Ecrivains, de l'Association Valaisanne des Ecrivains, et de la Société des Ecrivains des Nations Unies à Genève.

 

Abdellah Hanbali, L'Opinion, le 28 avril 2017

 

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