أسطورة الجنس الثاني' لماريا زكي : تجاهل المرأة !
"La fable du deuxième sexe" de Maria Zaki : Le dénigrement de la femme !
Paris, Tayeb Ould Aroussi
Al-qods Al-arabi, le 17.08.2012
Le livre de Simone de Beauvoir "Le deuxième sexe" lors de sa parution pendant les années quarante du siècle dernier, a provoqué un grand débat, il a même été considéré comme un cri face à l’homme et à l’institution familiale qui dénigre la femme en la considérant comme une personne moindre, et ce livre était un argument de défense pour la femme et "un chatouillis pour la sensibilité" de l’homme, de la société et des lois également, dans le but de reconsidérer les conditions de la femme et ses problèmes.
Dans ce contexte, il vient de paraître à Paris un roman aux éditions "L’Harmattan" intitulé "La fable du deuxième sexe" pouvant avoir comme second titre ou titre explicatif "La métamorphose" de l’écrivaine et poétesse marocaine Maria Zaki réputée pour ses écrits remarquables en langue française, qui, en plus de son travail de recherche scientifique en France dans le domaine de la chimie, s’intéresse à la créativité où elle possède une grande aptitude. Elle a été encouragée par plusieurs auteurs avec, à leur tête, le chercheur et académicien connu Abdelkébir Khatibi qui a dit qu’elle était remarquable et qu’elle écrivait sur le silence. Quand on lit ses écrits, on y retrouve des phrases construites sur des données scientifiques analysant la question féminine et le comportement de l’homme vis-à-vis d’elle, par de profondes formulations mentales, juridiques et sociales. Elle a traité le phénomène de l’indifférence de l’homme vis-à-vis de la femme, c’est-à-dire le dénigrement de ses revendications et de son évolution physique et psychique, ces revendications qui passent au second plan dans le mental de l’homme arabe, et à l’origine de tout ceci il y a le père, le fils et même la mère, puisque Maria Zaki a pris le cas d’une famille qui vit selon le modèle du père méprisant la mère et la considérant comme une servante malgré la présence des enfants. Cette mère s’est habituée à cet état d’oppression et le considérait comme une fatalité qu’il fallait accepter et apprendre à vivre avec. Elle traitait de la même manière sa propre fille, contrairement à son fils aîné. Ce frère qui ne s’occupait pas le moins du monde de sa petite sœur, l’ignorant complètement.
Maria Zaki rejoint Simone de Beauvoir dans la confirmation que ces idées de malveillance ou d’indifférence contre la femme sont liées à l’éducation que reçoivent les garçons (les hommes) et que la société encourage, et Maria va au-delà de l’importance de changer ce mode d’éducation en affirmant qu’il y a une importante complémentarité naturelle, scientifique et humaine entre les deux sexes. Il est impossible à l’un de vivre sans l’autre, "chose que nous devons bien appréhender pour rendre service à l’humanité entière".
Pour réaliser le suspense et bien ficeler l’histoire, la romancière a utilisé des modèles comme le dénigrement du père à la mère que nous avons déjà cité, et le comportement du frère Adam avec sa sœur qui n’était au début qu’indifférence et manque d’aide et de compréhension puis s’est transformé après un phénomène surprenant qu’il subit pendant une semaine qui le changea et changea également toute la famille. Ce phénomène est une métamorphose qui transforme son corps en celui d’une jeune fille du même âge alors que son esprit demeure inchangé. La métamorphose l’oblige à se comporter comme une fille et à vivre ce que vivent les filles, "non pas comme un héros mais forcé". Il ressent l’injustice et les souffrances diverses et variées suite à son apparence féminine. Sa sœur va s’approcher de lui pour l’aider. Elle, qu’il tenait à l’écart auparavant, va l’aider à supporter ce changement, lui expliquer les particularités féminines. Il s’approchera à son tour d’elle et c’est en quelque sorte sa grande ressemblance physique avec sa sœur qui rendra la métamorphose plus supportable et moins effrayante pour ses parents. En outre, Adam va découvrir son être, se poser une multitude de questions sur la relation homme-femme et tenter de comprendre les mécanismes qui règlent cette relation, ce qui a poussé également son père à s’interroger et à essayer de comprendre cette transformation brutale et à reconsidérer son comportement avec son épouse, sa fille et avec la femme de manière générale.
En plus de ces personnages, il y a un personnage quasi-principal, le professeur de philosophie qui joue le rôle du conseiller, de l’intellectuel qui éclairera Adam sur la métamorphose et l’aidera à la supporter et la comprendre de manière philosophique sage.
Ce roman montre la différence de comportement des parents avec leurs enfants en fonction du sexe de ces derniers et non de leur intelligence et qu’Adam ne vivait que dans un monde d’hommes, ne s’intéressait ni de près, ni de loin, aux problèmes que subissent les femmes et ignorait tout de leur réalité physique et psychique. Ce qui avait provoqué chez lui au début un refus total de la situation, mais les conseils du professeur, le rapprochement de sa sœur de lui et le comportement des autres avec lui, l’ont poussé à se rendre à l’évidence surtout qu’il était obligé de vivre comme une fille et de subir ce que subit la femme dans la société (qu’elle soit une jeune fille ou une femme).
Puis les évènements évoluent et Adam devient plus sensible à la question féminine et en même temps moins orgueilleux et moins indifférent vis-à-vis de la femme. Il commence à réfléchir au comportement de l’homme qui ne cesse d’écarter la femme et de la considérer comme un deuxième sexe indigne de son respect.
La romancière a choisi cette tranche d’âge de la société pour mettre en relief les problèmes de la condition féminine car elle pense que ce sont les jeunes qui déterminent l’évolution de la société et que nous pouvons compter sur eux, car si les hommes apprenaient dès leur jeune âge à respecter la femme, à s’intéresser à elle sans la mettre dans un coin, ni la mépriser, ni la violenter, ils seront armés d’idées matures et logiques.
Maria Zaki affirme que l’opposition et la violence que subit la femme sont étroitement liées à l’ignorance de sa position essentielle et stratégique dans la vie. C’est pourquoi elle incite les hommes à reconsidérer la réalité, et les femmes à se rebeller contre leur condition lamentable, chose qu’Adam a vécue pendant une semaine qui pourrait être considérée comme la semaine la plus dure de toute son existence et durant laquelle sa mère ne pouvait rien pour lui. L’auteure pose plusieurs questions sur l’humanisme et sur la beauté et rappelle à Adam les facultés naturelles de la femme belle pour lui faire supporter sa nouvelle apparence pendant que les transformations de son corps le torturaient au plus haut degré. Heureusement pour lui, son parent professeur a pu le soutenir et le guider de manière sage et intelligente, ainsi que toute la famille.
La mentalité d’Adam a complètement changé après cette semaine de souffrance et d’interrogation. Son entourage également a changé. Le jeune a commencé à lutter contre le comportement désobligeant de l’homme vis-à-vis de la femme, à demander que cet état de choses changent au plus vite, car il a réalisé qu’il était lui-même dans l’erreur avant de vivre dans le corps d’une femme et de ce fait devenir une victime à son tour. Il s’agit d’une prise de conscience car l’homme arabe doit aspirer à un monde bienveillant et à un avenir meilleur qui offre à tout un chacun travail et progrès. Il doit se poser les bonnes questions concernant les vraies difficultés et les obstacles réels que connaissent les pays arabes musulmans. La romancière Maria Zaki confirme cette exigence et dit également : "L’écriture permet l’ouverture au monde tout en recherchant le soi".