« Risées de sable », nouvel ouvrage de Maria Zaki et Jacques Herman
Vers croisés
Par Mounir Mouncef, L’opinion, le 06 février 2015 (Propos recueillis par Abdellah Hanbali)
Maria Zaki vient de publier un nouvel ouvrage de poésie aux éditions L’Harmattan à Paris, intitulé « Risées de sable ». Un deuxième livre coécrit avec le poète belgo-suisse Jacques Herman, paru le 10 janvier 2015.
Ce livre nous offre les voix des deux poètes tissées dans une nouvelle expression créative, visant à apporter un brin de changement à leurs écritures respectives.
Un exercice inédit et innovateur puisque chaque poème se compose à la fois de vers de l’un et de l’autre, des vers que l’on ne distingue que par leur typographie, les uns étant en caractères romains et les autres, en italiques.
A l’occasion de cette nouvelle parution, Maria Zaki a accepté de répondre à nos questions.
Quelle était votre intention en réalisant ce nouveau recueil de poèmes à quatre mains ?
Après « Et un ciel dans un pétale de rose », le premier recueil où Jacques Herman et moi-même avons entrecroisés nos poèmes afin de témoigner, à notre manière, du caractère universel de la poésie, l’idée de renouveler l’expérience ne nous déplaisait pas. Mais nous ne voulions pas la réitérer à l’identique. C’est alors que l’idée de mettre encore plus en lumière le processus de versification croisée dans chaque poème, nous est venue.
Il s’agit bien d’une poésie empruntant à la fois votre voix de poète oriental et celle d’un poète occidental, cela ne vous a-t-il pas posé des problèmes ?
Non, car nous pensons tous les deux que la vraie poésie est universelle et qu’il est illusoire de penser que des barrières peuvent exister entre des poésies, même totalement étrangères à l’origine.
Est-ce qu’il n’y avait pas quand même des risques que l’une des voix ne l’emporte sur l’autre ?
Pour éviter ce genre de problème, nous nous sommes attachés à penser cet échange comme quelque chose de créatif et de personnel. Il ne s’agit pas de jeu d’influence, mais d’hybridation (si je peux utiliser ce mot à connotation scientifique), sans la moindre mise en avant d’une voix par rapport à l’autre. Il ne s’agit pas, non plus, d’une dilution mutuelle (excusez-moi, les mots de la chimie reviennent). Ce travail est le signe d’un partage consenti dans les règles de l’art.
Maria Zaki est une poétesse et écrivaine née à El Jadida. Ancienne étudiante de l’Université Chouaib Doukkali (Faculté des sciences), puis enseignante à la même Faculté, actuellement elle réside en France, depuis 2002.
Avec une formation scientifique (Doctorat d’État en chimie) et une profession également scientifique (directrice de Recherche et de Développement), elle a su pénétrer l’univers de la littérature par la porte secrète – celle des alchimistes – grâce à sa grande passion pour les sciences humaines.
Elle a été découverte en 1992 par Abdelkébir Khatibi, alors directeur de l’Institut universitaire de la recherche scientifique de Rabat.
Depuis toujours, ses mots réclament le droit à l’expression dans le monde complexe et paradoxal des sentiments. C’est la poésie qui lui permet, la première, de leur donner vie et de leur prêter forme. Peu à peu, l’écriture devient pour elle un moyen de confronter l’intime à l’histoire, et la mémoire individuelle à la mémoire collective.