Pour contempler
Le réveil du soleil
Sur la montagne
Ou pour suivre des yeux
Ses derniers rayons
Dansant sur les rochers
Pour une pincée de grâce
Pour un zeste de beauté
Mes pas sont de nouveau
Menés à la danse
Est-ce déjà la montée
De la sève ?
Chut !
Ce n’est rien
Juste un cheval
Qui se relève !

*
Il est encore loin
Le hasard travesti
En rivière bleue
Sans doute !
Dit la rumeur d’encre
Dans la galerie mentale
Du poète
Sans doute !
Répète l’écho
Des gouttes suspendues
Au fil verbal
Mais un enfant pourrait
Peut-être lui montrer
Comment accrocher des
Sourires
Aux pages de son livre !

*
Comme promis
Sans écrire, je t’écris
Toute la nuit
Je te rends les mots
Que je t’ai pris
Que la nuit s’écourte
Ou qu’elle s’allonge
Je ne tente plus tes anges
Depuis qu’ils ont
Cédé à ma folie
Mais tout cela
L’ai-je jamais compris !

*
Au-delà du poème
Qui se profile sur mes lèvres
S’écrit l’histoire d’une femme
Qui suis-je après
Son passage en moi ?
Mon cœur s’en souvient
Dans le murmure des rêves
Et le chuchotis des chimères
Entre les fleurs de ma mémoire
Je respire son corps chaud
Elle respire mon corps froid
Puissè-je lui restituer sa voix
Celle qui ne m’obéit pas !

*
Intimant le meilleur
De notre histoire
Tu m’ouvres le cœur
A la flamme d’une seconde vie
Qui s’invente
S’impose
Puis se fragmente
Sans jamais me quitter
A présent ton souffle
Irréductible
Dans ma poitrine rebondit
De chiffres en lettres
De paroles en gestes
Infatigable
Tu me répètes :
Femme, lève la tête !

*
De ton poème surgit
L’imminence du feu
Dans ton jeu verbal
Sous haute tension
Commence une saison
A couper le souffle
Dans ton sein
Embarquant déjà
Tout et rien
Ton apnée est ta
Première erreur
Toi
Le poète fougueux
Le seigneur des mots
N’oublie pas ta vie
Condamnée dès le départ
A l’angle d’une date
Dans un calendrier
Intangible
Tracé à rebours
De ta propre main
De la tache d’encre au foyer
Il n’y a qu’un pas
Avant de l’accomplir
Fais un vœu
Celui de ne pas t’incendier !

*
Pour devenir un être
D’échange et de feu
Ne faut-il pas respecter
Les règles du chant nocturne
Jusqu’aux frontières
De la nuit blanche ?
La veillée est un travail
De longue haleine
Et le croissant de lune
Un chef-d’œuvre
Que l’on tisse en dentelle
Sur un rire ou une larme
Sans forcer la main
Retirée du feu perdu
A la croisée des jours !