Ce soir
Une danse inaugurale
Commence
Sur les dunes orientales
De l’aimance
Chaque pas drape l’autre
L’esprit du désert se libère
De toute possession
De degré en degré
Malgré la chaleur
La pacification du désir
S’opère
Danserai-je enfin à ma guise
Sans autre appui terrestre
Qu’un travail d’éveil
Précieux et délicat
Dans la variation du même ?
*
Au seuil du nouvel an
Tout vient de l’horizon
De nos vœux
Aussi bien les vents violents
Que le velours du temps
Présence
Fragrance
Et beaux désirs
Je te nomme Aimance
La question est :
Quel sens aurais-tu
Si tu ignorais ton nom ?
Comment sculpter ton souffle
Offert sur un plateau
Semi-transparent ?
Comment protéger
Ta quintessence
Des vagues effleurant
Tes contours à tout moment
Et te mener doucement
Aux contrées lointaines
De l’imagination
Quitte à en revenir
Ou ne pas en revenir ?
*
Quand ta présence
Tant voulue
Soutenue
Défendue
Se déploie entre
Mon aile droite
Et mon aile gauche
Je perce les dunes
Et prends mon envol
Je chevauche les ombres
Et ma nuit devient
Plus claire que le jour
La lumière de l’aimance
Apparaît de mes manques
Et de sa désinence
Surgit ma naissance !
Je disperse mes mots
De-ci, de-là
Sans déranger les sauterelles
Qui sommeillent
Ni les roses de sable
Qui s’éveillent
Je fais rêver
Tout ce petit monde
Sans promettre
Un feu sans cendres
De temps en temps
Je nuance mon silence
De ton encre
Sans m’égarer
Dans les dédales
De l’évidence !
*
J’ai reporté à plus tard
Tout autre chemin
Depuis que quelqu’un
A déposé
Sur le seuil de ma porte
Son cœur
Ou peut-être le mien
Dans un couffin
Avec comme
Unique indication :
« Prends-en soin ! »
Je passe des heures
A veiller sur ce don
Merveilleux
A lutter contre
La solitude
Le doute
Et l’inquiétude
Des heures sans autre limite
Que mon ignorance
Car chaque don exige
De l’intelligence
Et le don de soi
Est de la plus
Haute exigence !
*
Quand l’œil
Coule de l’œil
Il encoche
La face de l’âme
Lisse
Profonde
Fragile
Si aucun ange ne naît
De nos larmes
Si seule la chair
Misérable
Nous mène en aveugle
Qui conduira notre sang
Dans les vaisseaux du vent
Vers la voûte désirable ?
*
Ami
Le courage est de retour !
Dans un élan inouï
L’initiation se poursuit
Selon l’ordre du
Renouveau !
Je viens de descendre
D’un sommet vertigineux
Je passe une à une
Les portes les plus fermées
De mon âme
Par-delà mes angoisses
Je sèche mes larmes
Pour me défaire
Des heures accablantes
Et illuminer mon regard
Le cœur à nouveau
Uni au corps
Je te retrouve
Je me retrouve !
Sans tourner autour
De mon axe nocturne
Je te lis et te relis
Pour parcourir la pénombre
De l’aube à l’aube
J’écris sous ton aile
Je lie et délie
La caresse fraternelle
Par touches nées
Au creux de mes rêves
Et par retouches dispersées
Aux quatre coins
De tes belles mains
Comme une sorte de possible
Qu’aucun de nous
N’a deviné
Où le « Je » est sauvé
Par « l’Autre »
Pour que l’inconnu
Devienne familier
Et l’effrayant tendre !
*
Je dis :
L’être le plus habillé
Est nu
Sans la connaissance
Tu dis :
Seulement celle
Qui mène à la lumière
Je dis :
Gare à l’éblouissement
Au milieu du désert
Tu dis :
Garde tes jambes
Pour aller à la source !