DEUX FENÊTRES

Deux fenêtres ouvertes

Laissent échapper les cris

Issus pour les uns des ardeurs du plaisir

Et pour d'autres des affres

Des douleurs infinies

Mais qu'importe puisqu'au soir

La rue

La cour

Et le jardin

Se fondent sans broncher

Dans la lumière exsangue

Des limbes de la nuit

Et que tout s'entremêle

Si confusément

Que l'on ne distingue plus

Le chant des oiseaux

De la mélopée du vent

Ni l'appel au secours

Du râle d'un mourant

À l'aube on le sait

On ferme les fenêtres

Et la vie

Redevenue banale

S'offre un nouveau visage

Impavide comme

Un masque vénitien

Lisse

Glacial

Et sans âge

 

NOUS VOYAGEONS ENSEMBLE

Nous voyageons

Ensemble

Mon destin et moi

Nous chantons

Toujours

À en pleurer

Parfois

Entre choix

Et obéissance

Je brouille

Les pistes de danse

Il dicte ses lois

Je me demande

Qui de nous sera

À la hauteur

De sa feuille de route !

 

DE FORCE ET DE FAIBLESSE

De force et de faiblesse

Je m’approche

D’une maison hantée

D’âmes pétries

De lassitude

Dans la fumée

Les fantômes se mêlent

Au vivant

C’est dans leur

Habitude

Tout est à l’heure

En ordre

En place

Tout est exactitude

Seuls les enfants

Cassent du verre

Pour blesser un doute

Ou tuer une certitude

 

TOUS LES FUNAMBULES

Tous les funambules

Du monde sont priés

De se rendre illico

Sous mon petit chapeau

Qui fait office de chapiteau

De cirque dégénéré

Cordiale bienvenue

Aux modèles réduits

De clowns tristes

De trapézistes

De jongleurs des rues

De contorsionnistes

De dresseurs d’éléphants

Et de singes déjantés

Puisse mon galurin

Aujourd’hui sonner l’heure

Des rires et des pleurs

Aux sons conjugués

Du bandonéon

Et des battements de cœur