Langage des feuilles
Deux grands bassins
Pleins à ras-bord
D’une eau limpide
Que le ciel bleuit
Et que le vent ride
S’offrent aux yeux
Sans se confondre
Dans l’ineffable lumière
Comme les ailes
D’un oiseau bleu
Dans l’allée centrale
Comme chaque jour
Les pavés
S’échangent des mots d’amour
Ou des propos acides
Quelques-uns reprennent
Des disputes banales
À l’étroit dans les bordures
Des chuchotements
Des petits bégaiements
Des murmures
Tentent de retenir
L’attention
Sans y parvenir
Et dans les branches des tilleuls
Comme un vrombissement
Léger
À peine audible
Intraduisible
Si l’on ne comprend pas
Le langage des feuilles
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Risées de sable
Les risées de sable
Envahissent le cœur
Et font trembler le temps
Que l’on croyait stable
Par candeur
Ou par inattention
Dans la course des heures
Que plus rien n’éclaire
La mélancolie
Agite son drapeau
Noir et tributaire
Des caprices du vent
Qui nous défend
Obstinément d’oublier
L’oasis familière
Balisée de rumeurs
Et la fraîcheur
Des jets d’eau
Tu me dis qu’il ne faut
Jamais rien bousculer
Que la vie nous entraîne
Souvent à notre insu
Vers les courbes lointaines
De dunes inconnues
Au-delà des frontières
De nos identités
Là où un autre
Nous-même vient
À notre rencontre
Au cœur de la séparation
Nous rappeler notre
Véritable destination