Passons vite
Passons vite
Comme les pèlerins
Sans attendre ce que la vie
Soi-disant nous doit
Mais ne passons pas
Comme la biche
Traquée dans le bois
Ni comme l’insecte
Qu’on écrase du doigt
Et que notre passage
Soit du genre éphémère
Comme le flocon de neige
Sous le soleil d'hiver
Ou la vie de la fleur
Que l'on vient de cueillir
Et qui ne sait pas
Que sa vie va finir
Passons vite
Sans altérer l’étonnement
Qui nous relie au monde
Hors du temps
Passons vite
Sans perdre le chemin
Périssable et étroit
Qui nous unit
À tous les mondes à la fois
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Un tout autre versant
S'il arrive parfois
Que d'une ombre surgissent
Les contours incertains
D'un profil menaçant
Il arrive souvent
Que nous nous méprenions
Tant sur sa nature
Que sur ses intentions
Incapables de cerner
Les raisons intimes
D’une telle apparition
Nous perdons pied
Victimes
De nos propres illusions
Il est bien plus fréquent
Que nos appréhensions
Ne durent pas
Plus que l'espace
D'un court instant
Les pressentiments
Sont aux sentiments
Ce que sont au silence
Des bruits courts
Mais assourdissants
Si nous laissons
Notre corps se poser
Et notre esprit se reposer
Nous nous surprenons
À découvrir du monde
Un tout autre versant